Il n’y a pas que les jeunes athlètes qui font briller Dreux au-delà des frontières. Fin octobre, Nacer Nouasria, entraîneur au Dac Judo, est monté sur le podium au championnat du monde de judo à Lisbonne au Portugal. Il a remporté la médaille de bronze dans la catégorie vétéran. Portrait de ce sportif qui fête cette année ses cinquante ans de judo.
On parle peu de lui dans les médias, il ne cherche pas la célébrité ni les remerciements, il ne représente pas l’avenir du club de Dreux, et pourtant, Nacer Nouasria est l’un des Drouais qui porte au plus haut les couleurs de la ville. Son talent, son expression, c’est sur le tatami parce que le judo, c’est sa vie, sa famille.
La découverte du judo pour Nacer commence à l’école primaire, avec les copains. Deux d’entre eux pratiquaient cette discipline. À l’époque, Jacques Martin était leur professeur de judo. Une activité qu’il pratiquait en plus de son travail. « Un jour, Jacques Martin est venu à l’école tailler la haie, se souvient Nacer. Mes amis me l’ont montré et j’ai eu envie d’essayer. J’ai demandé à mon père, en vain. Peu de temps après, alors que nous étions au marché de Verdun avec mon père, on a croisé Jacques Martin. Mon père et lui se sont salués et j’ai compris qu’ils travaillaient ensemble. J’ai profité de l’occasion pour dire à mon père que c’était lui qui enseignait le judo, et il a alors accepté que j’en fasse. Nacer débute alors le judo à la salle Saint-Thibaut « sur des sacs de sciure pour ne pas se faire mal. Puis, on est rapidement allés s’entrainer au Palais des sports ».
Tonique, puissant, souple, assidu aux entraînements, Nacer progresse rapidement.
Nacer Nouasria
Mais il a fallu que Jacques et Serge Martin nous bousculent pour qu’on passe la ceinture noire. Avec des copains, on battait toutes les ceintures noires, cela nous suffisait. Ils nous ont conseillé de passer les katas techniques. On a finalement accepté et on a réussi.
Nacer travaille ensuite dur pour devenir professeur de judo. Il le devient à l’âge de 27 ans, en 1988. En 1992, il prend la suite de Serge Martin au club de Saint-Lubindes-Joncherets. Occupé par ses fonctions, il ne parvient pas à franchir tous les grades de la discipline et s’arrête à la ceinture noire 4è dan même s’il aurait pu atteindre le 6è dan.
C’est le nombre de jeunes judokas que Nacer a formé au cours de ces 30 dernières années.
«Le Dac judo, c’est plus qu’un club, c’est une famille, mon autre famille. J’ai connu des élèves tout
petits qui m’emmènent aujourd’hui leurs enfants et reviennent faire du judo avec eux. Le bouche à oreille est notre meilleure promotion.»
Voir des judokas enfants devenir champions comme Christophe Le Pestipon ou même des professeurs de judo comme Peter et Tony, les frères Kiernan, quel bonheur pour Nacer ! Une de ses autres satisfactions, ce sont les ceintures noires obtenues par ses enfants, Lisa et Idris. « Quand ils m’invitent à faire des randori, une sorte de
combat libre sans enjeu, j’ai des frissons, on partage vraiment des choses. »
Ses parents sont arrivés d’Algérie en 1955. Son père a travaillé chez Renault, à la Skaï et chez Gabrielle. Lorsqu’elle est décédée, sa maman était la doyenne des Algériennes de Dreux.
Brillant dans ses débuts, Nacer a plusieurs fois gagné la coupe régionale. De nationalité algérienne, il n’a participé aux compétitions en France qu’à partir de 1991, année où il obtient la double nationalité. Ses premières compétitions nationales furent les championnats corporatifs sous les couleurs de la Ville de Dreux. Son métier de professeur de judo étant très prenant, Nacer met en suspens les compétitions un petit moment. Ce n’est qu’en 2016 qu’il décide, avec un groupe de judokas du Dac, de reprendre avec un objectif ambitieux : le championnat du monde à Miami aux États-Unis. Ce fut malheureusement un échec puisqu’il ne franchit qu’un seul tour. Suivent les mondiaux 2018 à Cancun au Mexique et 2019 à Marrakech au Maroc, où il monte sur le podium en 3è puis 2è. Vicechampion du monde en titre, il ne rêve que de gravir une marche supplémentaire du podium.
Ne le dites pas à ses futurs adversaires, Nacer aime faire des blocages de jambes mais il est encore plus redoutable avec ses projections sur l’épaule.
On partait dans l’inconnu après deux ans sans compétition qui nous ont bien freinés. Mais je suis resté motivé pour gagner ma place. Précédemment dans la catégorie des moins de 80 kg, Nacer est descendu en moins de 66 kg : « Il m’a fallu perdre 5 kg en trois semaines et m’entrainer tous les matins. Le petit-déjeuner, c’était corde à sauter, footing, circuit cardio, musculation ! Si cela me permet de mieux bouger, c’est aussi de plus en plus dur d’arriver au bon poids ! » À l’occasion du championnat mondial, Nacer était au côté de deux autres judokas du Dac. Christophe Le Pestipon en M5 (50-55 ans) chez les moins de 60 kg et Yann Aussibal en M3 (40-45 ans) chez les moins de 60 kg également.