Le centre d’art de Dreux dédié à la création contemporaine poursuit sa série des Inspiré.e.s avec un troisième volet : INSPIRÉ.E.S – Acte 3 – Arts Textiles. Dédiée à la matière textile comme support de création, cette exposition propose une plongée captivante au cœur de ce medium qui nous entoure au quotidien et que les artistes n’ont de cesse d’utiliser et de réinventer. À visiter à partir du 24 mars.
Si le textile est partout dans notre vie quotidienne, le connaissons-nous vraiment ? Lui portons-nous l’attention qu’il mérite ? Comment le percevoir au-delà de ses fonctions premières ? C’est bien tout l’enjeu de cette exposition qui renverse les schémas établis en interrogeant la matière comme support de création et rappelle son rôle fondamental dans l’Histoire de l’art. En effet, depuis l’Antiquité et jusqu’à notre époque contemporaine, les artistes poursuivent sans cesse l’exploration du textile à travers leur savoir-faire. Broder, lier, nouer, tresser, tricoter, crocheter… autant de gestes et de techniques à part entière qui laissent souvent place à un art monumental, immersif, sensitif, capable de donner vie à des expériences uniques. Cette nouvelle manifestation est aussi l’occasion de comprendre en quoi cet art, qui bénéficie aujourd’hui d’une place prépondérante sur la scène artistique internationale, influence, notamment les autres supports de création. Conçue par Lucile Hitier, commissaire de l’exposition et directrice du centre d’art, cette exposition promet une redécouverte de chaque instant, où les œuvres interrogent, subliment, scrutent notre quotidien, et plus largement le monde qui nous entoure, sans doute pour mieux le réinventer.
La scénographie propose une déambulation à travers les œuvres de 9 artistes français et internationaux. Dès le hall d’entrée, c’est une succession de tentacules colorées qui s’offre d’emblée aux yeux du spectateur. Création originale de Joana Vasconcelos, l’artiste donne à voir une œuvre hybride composée d’une multitude d’objets : des azulejos (carreaux de faïences que l’on trouve au Portugal), des couverts en matière plastique, du textile et crochet en laine fait à la main… un joyeux bric à brac coloré qui réinvente les objets du quotidien avec humour et fantaisie, et qui semble vouloir se propager dans l’espace.
Autre pièce monumentale, l’œuvre de Lux Miranda constituée de trois parties présentées au sol et aux murs. Avec une impressionnante maîtrise technique du touffetage (l’art de tisser moquette et tapis), l’artiste a conçu une œuvre toute en délicatesse dont les motifs rappellent les mandalas tibétains. La matière, elle, suggère la douceur et le réconfort d’un intérieur douillet. En ce sens, Lux Miranda invite à l’apaisement, voire à la méditation, devant cette installation pleine de poésie.
Chez Jérémy Gobé, La liberté guidant la laine – grandiose réinterprétation de la toile de Delacroix La liberté guidant le peuple – surprend par ses dimensions et son engagement. Entièrement composée de tissus jacquard rouge et blanc, dont les pointes font écho aux poings levés et aux baïonnettes de l’œuvre de Delacroix, l’installation est un vibrant hommage au secteur du textile français et plus spécialement au site historique de Clamart en Ile-de-France, réputé pour sa production de jacquard français. Ainsi, cette commande d’environ 300 kg, en plus de soutenir la filière, s’inscrit dans une démarche écologique et responsable, préoccupations fondamentales dans le secteur de l’art aujourd’hui, puisqu’elle est produite dans un rayon inférieur à 100 km autour du lieu d’exposition. Les matériaux seront quant à eux réutilisés à la fin de l’exposition. Une belle manière de lutter contre la disparition des industries textiles de notre pays et la nécessité de valoriser les savoir-faire artisanaux.
Très attachée à la technique du crochet qu’elle aime voir évoluer sur ses modèles, la jeune artiste Aurore Halpert expose quant à elle six masques issus de la série Les chats de vélès, réalisés entre 2018 et 2019. Dans ces œuvres composées à la fois de crochet, de cheveux synthétiques et d’acrylique, l’artiste relie la mythologie slave et son Dieu Vélès avec celui de son attribut, le Chat. Le premier, dieu de la guerre, de l’ombre, des animaux, de la magie et de la réincarnation et le second, animal protecteur capable de se réincarner et qui éloigne les mauvais esprits. Avec ces masques, portables ou exposés comme ici, Aurore Halpert renvoie aux vestiges de cette civilisation fictive et questionne la place du mythe dans nos sociétés contemporaines.
Autant d’œuvres protéiformes qui nous plongent dans un univers unique, où la frontière entre quotidien et utopie se veut parfois ténue, pour notre plus grand plaisir !
Avec Hannah BARANTIN, Olga BOLDYREFF, Claude COMO, Jérémy GOBE, Aurore HALPERT, Sheila HICKS, Lux MIRANDA, Bojana NIKCEVIC, Joana VASCONCELOS
Lieu dédié à la création contemporaine, le Centre d’art contemporain l’ar[T]senal a ouvert en 2012. Il a pour mission le soutien et la diffusion de la création contemporaine en arts visuels et la transmission de celle-ci auprès de tous les publics. L’ar[T]senal est une structure culturelle de la Ville de Dreux soutenue par la Drac Centre-Val de Loire, le Conseil Régional Centre-Val de Loire. Certaines de ses opérations sont cofinancées par l’Union Européenne.
Centre d’art contemporain l’ar[T]senal
13, place Mésirard
Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 10h30 – 12h30
et du mercredi au dimanche : 14h – 19h
Entrée gratuite
02.37.38.87.54 – visitealartsenal@ville-dreux.fr
