Depuis quelques semaines, la mosaïque florale a retrouvé sa place sur l’élégante façade de la Villa Minelli du boulevard Dubois. Après six mois de travaux, la fresque sublime de nouveau ce bâtiment emblématique de la cité, propriété de la Ville actuellement réhabilitée pour accueillir la Police municipale à l’automne prochain. Découvrez les coulisses de cette exceptionnelle restauration, signée par l’artisane drouaise Martine Acquaviva.
Construite en 1881, la Villa n’était plus tout à fait la même sans sa fresque qui surplombait le premier étage. En 2021, lorsque des morceaux de mosaïque chutent – sans doute causé par une infiltration d’eau dans la façade – la question d’une restauration de l’ouvrage d’art se pose. La Ville sollicite alors Martine Acquaviva, artisane drouaise et cofondatrice de l’association Terres d’artistes à la Maison des arts de Montulé, pour réaliser ce travail titanesque. Une demande inédite pour cette professionnelle, qui ne s’était jamais confrontée à une telle restauration, et un défi qu’elle n’était pas certaine de pouvoir relever. « Avant de m’engager, j’ai souhaité étudier ce projet et mener quelques recherches afin de m’assurer que je serai techniquement en mesure de réaliser cette commande. Jusqu’à la pose de la fresque en juin, j’ai été traversée par de nombreux doutes. »
Des interrogations légitimes pour le maire Pierre-Frédéric Billet qui, à l’occasion d’une visite dans l’atelier temporaire de l’artiste début juillet, a salué le travail réalisé et l’investissement déployé par l’artisane ces derniers mois. « Compte tenu des enjeux de cette restauration, Martine Acquaviva ne pouvait pas se permettre de faire de l’approximatif car cette fresque orne l’un des bâtiments remarquables de la ville. Les étapes de recherches et de réalisation lui ont demandé beaucoup de temps. »
Pendant six mois et à l’abris des regards, Martine Acquaviva installe son atelier au troisième étage de l’hôtel Montulé. C’est ici qu’elle créée un véritable laboratoire de recherche et de création. L’œuvre originale étant trop endommagée, elle décide de reconstruire la fresque à partir de l’ouvrage original. Après avoir relevé et tracé le dessin avec un calque, l’artiste s’est attelée à la faïence en utilisant ses talents de céramiste : travail de la terre, façonnage, séchage, cuisson, émaillage, décoration. Une tâche complexe : « J’ai passé de nombreuses heures à faire des calculs et des essais pour trouver la bonne épaisseur des carreaux, la bonne cuisson. La colorimétrie a aussi été une phase très technique notamment pour le fond bleu qui m’a posé beaucoup de soucis. J’ai aussi dû chercher les bons oxydes pour rehausser les couleurs ainsi que le bon liant pour obtenir le serti parfait, ce train noir autour des motifs. Une fois les couleurs fixées, j’ai peint les motifs avec des poires auriculaires, » raconte-t-elle. Après des mois de travail acharné, le résultat est à la hauteur de ses attentes : la mosaïque de près de 6 mètres de long et aux élégants motifs de roses sur fond bleu outre-mer a retrouvé toute sa majesté !
Au cours de son aventure, l’artiste a immortalisé en images toutes les étapes de son travail. Des souvenirs qu’elle garde aujourd’hui précieusement dans son recueil intitulé “Histoire de fresque”. Pour le maire de Dreux, « Martine Acquaviva a marqué l’un des bâtiments emblématiques de la ville en sauvegardant cet héritage ». À ce titre, Pierre-Frédéric Billet lui a demandé de signer un des carreaux qu’elle a recréés pour la mosaïque afin de l’apposer à l’entrée de la Villa Minelli. « Ça me tient à cœur de lui rendre hommage. Elle a réalisé un travail formidable. Tous les territoires n’ont pas la chance d’avoir des talents locaux capables de mener de telle restauration. »
