Les arrêtés préfectoraux se succèdent et la région drouaise vient d’être placée en alerte “Crise”. La multiplication des périodes de sécheresse n’est pas sans conséquences sur les rivières et notamment sur la Blaise qui se trouve dans une situation difficile. La Ville a d’ailleurs commencé à exploiter les eaux de ruissellement. Explications avec Pierre Poitevin, technicien rivière au Syndicat du bassin versant des 4 rivières (SBV4R).
L’été sera chaud pour les ressources en eau où l’état de crise vient d’être déclaré, imposant un certain nombre de restrictions pour les particuliers et les professionnels. « Tout ce qui concerne la sécheresse est géré par la préfecture, et nous en tant que syndicat de rivières, on est le relais entre les propriétaires, les communes et la préfecture », explique Pierre Poitevin, technicien rivière du SBV4R. « Dreux est sur le bassin de la Blaise, et cette rivière est en crise.
L’irrigation par aspersion des cultures est interdite. En ce qui concerne les usages domestiques : l’arrosage des pelouses, massifs fleuris et jardins potagers sont interdits entre 9h et 20h. Le remplissage des piscines est désormais totalement prohibé. L’arrêté est plus sévère que l’an dernier et on peut s’attendre à ce qu’il reste en vigueur jusqu’en octobre. »
Les particuliers sont donc appelés à être économes et penser à s’équiper de dispositifs de récupération d’eau, ce qui est également valable pour les collectivités. « Les communes vont elles-aussi devoir adapter leurs plantations et planter des espèces moins gourmandes en eau ». Ces mesures ne sont pas applicables aux prélèvements réalisés sur une retenue d’eau non connectée au milieu naturel ou d’une réserve de récupération de pluies étanche non reliée au milieu naturel. En clair, à l’avenir, le salut passera notamment par les récupérateurs d’eau y compris sur tous les bâtiments publics. « On peut envisager de mettre en place des citernes pour stocker les eaux de ruissellement urbain, c’est de l’eau qui ne va pas dans l’égout, c’est déjà ça de pris. » L’alimentation en eau potable des populations restera la priorité. « Elle n’est pas limitée, mais les gens doivent aussi faire attention à leur consommation. Il est essentiel de faire de la prévention pour éviter que l’on arrive au stade de la coupure d’eau au robinet. »
Pour se familiariser avec les bonnes pratiques destinées à économiser cette ressource vitale qu’est l’eau, consultez le site du syndicat www.sbv4r.fr
Il devient plus que jamais urgent de prendre conscience que les rivières souffrent. « C’est catastrophique ! La Blaise n’a jamais été dans un tel état. Toute manipulation de vannage est interdite dans la mesure où cela peut modifier le débit ou la hauteur d’eau. Et si l’eau n’arrive plus de l’amont, la rivière pourrait par endroit être à sec. Le souci est aussi que l’eau chauffe. C’est arrivé l’an dernier à Nogent-le-Roi. Le niveau des nappes phréatiques était quasiment catastrophique dès février, » précise Pierre Poitevin. « D’année en année, les choses ne font qu’empirer, constate le technicien. On aura beau faire tous les travaux possibles sur les rivières, supprimer tous les vannages, si l’eau n’arrive plus, ce sera très compliqué. Ce qu’il a plu cet été a été capté par la végétation. On est resté sur les niveaux de remplissage des nappes de l’année dernière et on enchaîne sur une réserve qui n’a pas été remplie. Ça devient catastrophique ! »
Dreux compte au moins un grand parc par quartier, et de nombreux squares, « un atout pour le bien-être de ses habitants, surtout en période de fortes chaleurs », expliquent le Maire, Pierre-Frédéric Billet, et son adjointe aux espaces verts, Sophie Willemin. Second atout, la Ville dispose de très grandes cuves de récupération des eaux de ruissellement, l’une dans le quartier Paul-Bert, l’autre aux Rochelles. L’arrêté préfectoral du 7 juin qui restreint l’usage de l’eau comporte une exception, justement la possibilité d’utiliser les eaux de récupération. Le service municipal des espaces verts peut ainsi puiser dans cette réserve de 65.000 litres pour entretenir les plantations, en particulier les arbres récemment plantés comme ceux de l’aménagement paysager de la place Rotrou. Pierre-Frédéric Billet précise : « L’arrêté préfectoral vaut aussi pour les cimetières, nous avons été contraints de couper la distribution d’eau aux usagers. C’est un sujet très sensible et je souhaite que nous trouvions une solution pour que les Drouais puissent prendre soin des sépultures de leurs proches dans de bonnes conditions. Aussi, nous allons mettre en place d’autres récupérateurs dans chacun des deux cimetières afin d’offrir une réserve d’environ 2.000 litres aux visiteurs. Avec les délais de commande et d’installation, nous devrions en disposer d’ici quelques semaines et elles resteront à demeure pour pallier aux probables prochaines restrictions et, de toute façon, c’est une action logique dans le cadre de notre politique de préservation de l’environnement ».