Le diagnostic de la directrice de l’Agence régionale de la santé (ARS), Clara de Bort, ne s’embarrasse pas de fioritures : « Les initiatives drouaises sont d’autant plus remarquables qu’elles renforcent une énorme ambition symbolisée par la reconstruction de l’hôpital Victor-Jousselin ».
Clara de Bort est directrice de l’ARS, autrement dit, elle pilote l’ensemble des actions et des structures liées aux soins sur les six départements. Une vision d’ensemble doublée d’une longue expérience qui lui permet de juger les initiatives de la Ville de Dreux que lui a présentées le maire, Pierre-Frédéric Billet, le 26 mars dernier : « C’est exemplaire et je ne me prive pas de le faire savoir. Je constate une réelle capacité à répondre aux exigences et à mettre en œuvre des solutions originales et pragmatiques ».
« Après trois ans d’études, de recherches de financement, d’interrogations et d’ajustements, nous arrivons au bout du processus et c’est déjà un exploit : sur ce type de projet, il faut normalement dix ans, » rappelle Pierre-Frédéric Billet. Le projet médical, c’est-à-dire toute la partie organisation des soins du futur hôpital, a déjà été validé. L’enveloppe s’élève à 250 millions d’euros, grâce au coup de pouce supplémentaire que le maire et le député, Oliver Marleix, étaient allé chercher à Matignon l’an dernier. Les architectes rendront leur copie à l’automne prochain, restant toujours sur l’objectif d’accueillir les premiers patients en 2031.
« Il faut bien se rendre compte que nous sommes sur un projet d’envergure nationale, » souligne Clara de Bort. D’où son soulagement d’avoir du répondant en face : « Lorsque l’hôpital sera construit, il doit être plus accessible, en particulier pour les secours ». Pierre-Frédéric Billet a la réponse : « Une bretelle d’accès direct depuis le contournement, c’est parfaitement envisageable ». Clara de Bort sait que son soutien sur tous les dossiers est aussi important. Elle voit d’un bon œil l’acquisition d’un équipement de médecine nucléaire pour la cancérologie ou encore celle d’un robot chirurgical : « Reconstruire un hôpital, c’est bien, mais nous devons l’accompagner par le renforcement de l’offre médicale ». « C’est aussi un plus pour attirer de nouveaux médecins, » appuie Pierre-Frédéric Billet.
Autre bon point, l’hôpital Victor-Jousselin « a obtenu les meilleurs résultats de la région, voire au niveau national, dans sa capacité à former et intégrer des médecins étrangers. Dreux est une ville multiculturelle et c’est un bel exemple qu’elle sait en faire une richesse ». L’hôpital de Dreux représente aujourd’hui plus de 2.000 soignants et agents, et assume près de 300.000 patients par an : « Il est devenu un poids lourd de la région ».
L’hôpital trouve aussi grâce aux yeux de l’ARS sur la manière dont les étudiants en médecine sont accueillis : « Les professeurs de la Faculté de Tours me le rapportent régulièrement : Dreux est très attentif à l’accompagnement des externes et des internes. Et là aussi, c’est essentiel pour l’avenir de la médecine dans toute la région. Nous avons aujourd’hui 330 médecins en formation à Tours ; et l’an prochain, on en aura aussi 50 à Orléans, et on continuera de monter en puissance pour en avoir 200 à Orléans d’ici trois. C’est la seule région de France à avoir cette opportunité, nous devons la saisir. Il faudra par exemple plus d’hôpitaux pour accueillir leurs stages. Les CHU étant saturés, nous comptons sur les autres établissements ».
Une nouvelle fois, la Ville sort un nouvel atout. « L’immeuble du 72, rue Saint-Martin deviendra, avant la fin de l’année, un Campus Santé, assure le maire. Nous avons confié ce projet au GIP Relais Logement, présidé par mon adjointe Sophie Willemin. » Et de préciser : « L’idée est d’aménager une douzaine de chambres pour les externes et internes en stage ici. Ils ont besoin d’un lieu proche et agréable avec des grands espaces de convivialité ». Le projet sera dévoilé ce printemps et le Campus Santé livré cet été.
Neuf professionnels de santé exercent désormais à la Maison médicale des Bâtes : deux généralistes, une kinésithérapeute pédiatrique, deux ostéopathes, deux infirmières, un psychiatre et un psychologue, détaille Christine Picard, adjointe au maire chargée de la santé : « Ils bénéficient de loyers modérés pour leurs cabinets, mais surtout, via notre Centre communal d’action sociale, ils profitent de la prise en charge de deux secrétaires et d’un agent d’entretien ».
Le docteur Benoist Janvier, « pilier » de la Maison médicale, peut souffler. Il a longtemps attendu un autre généraliste pour l’aider, explique Pierre-Frédéric Billet : « Nous aurions pu avoir un autre médecin plus vite mais je ne veux pas tomber dans la surenchère. Avoir un médecin, c’est bien. Le garder, c’est mieux. Nous faisons des efforts pour qu’ils aient de bonnes conditions de travail, j’attends en retour un engagement sur le long terme ».
L’exemple vient d’arriver, le Dr Mohamed Taki Eddine Abbad est spécialisé en gériatrie et a déjà longtemps exercé à l’hôpital : « Dreux, c’est d’abord un choix. J’aime cette ville et ses habitants et aimer son environnement de travail, c’est important pour bien exercer mon métier ». Clara de Bort apprécie : « Plus l’offre de soins est proche des habitants comme avec cette Maison médicale, plus l’hôpital, et en particulier ses urgences, peuvent se concentrer sur leur cœur de métier ».
Maison médicale des Bâtes
8, boulevard de l’Europe
Tel : 02.37.46.31.46
Pierre-Frédéric Billet connaît les chiffres par cœur : « Le Drouais compte 3,6 médecins pour 10.000 habitants, bien en-deçà des moyennes nationales (8,4), régionales (6,8), et départementales (5,5). Il n’y a qu’un remède : agir concrètement ». La Ville de Dreux a ainsi lancé cette année sa propre bourse aux étudiants en médecine. 500 € ou 1.000 € par mois pour un étudiant à partir de sa 4e année, en contrepartie de son engagement de s’installer à Dreux pendant au moins 5 ou 8 ans une fois diplômé. Clara de Bort valide doublement : « Non seulement c’est une bonne idée pour s’attacher un médecin à moyen terme, mais c’est aussi une belle idée parce que cela va dans le sens de l’égalité des chances. Les études de médecine coûtent cher, il faut être lucide. Permettre à des jeunes qui n’en ont a priori pas les moyens d’y accéder, c’est un beau geste ».
Cihan Durmaz, le premier lauréat de cette bourse, un Drouais très attaché à sa ville, est dans ce cas. Ses parents ont des revenus modestes et deux de ses frères et sœurs doivent partir en études supérieures l’an prochain. Cihan le reconnaît pudiquement : « Nous aurions dû faire des choix difficiles. Jusqu’à maintenant, je travaillais parallèlement à mes études mais à partir de la 4e année, nous entrons dans les cycles de stages en hôpitaux et en cabinets, et alors nous ne pouvons plus dégager assez de temps pour faire autre chose ». Pierre-Frédéric Billet, encouragé par l’ARS comme par le Conseil de l’ordre des médecins, confirme sa volonté d’actionner tous les leviers possibles : « Les inscriptions pour accorder une bourse à un deuxième étudiant sont ouvertes. Nous devrions réunir le jury de sélection avant l’été ».
Les dossiers d’inscription sont téléchargeables ici. Infos auprès du CCAS 02.37.38.87.04
La Ville de Dreux a investi 180.000 € dans la création de la Maison des Femmes (MdF), ouverte le 8 mars 2023. Un lieu d’accueil chaleureux pour les femmes, mais avant tout, présente Caroline Vabre, adjointe au maire, à Clara de Bort, « un lieu pensé pour prendre soin des femmes ».
Victimes de violences, mais aussi plus généralement en recherche de renseignements pratiques, de soutien dans leurs démarches, d’occasions de sortir de leur isolement, « notre ambition est de répondre à toutes les formes de besoins. Nous avons les associations, les instances administratives, judiciaires, nous avons aussi besoin de travailler avec vos ressources de l’ARS ».
Clara de Bort approuve, comprenant que la MdF à Dreux n’a pas d’équivalent dans la région. « C’est la fierté de Caroline, c’est aussi la fierté de Dreux, » appuie Pierre-Frédéric Billet.
Maison des Femmes
4, place du Musée
Ouverture au public : Lundi, mardi, mercredi, vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h. Jeudi de 13h30 à 18h30. Ouvert un samedi par mois. Contact : 02.37.38.55.72 ; maisondesfemmes@ville-dreux.fr
Les soins coûtent de plus en plus chers, la prise en charge par la Sécurité sociale est de moins en moins importante. Un constat qui pousse 60% des Français à renoncer ou reporter des soins. En particulier lorsqu’ils n’ont pas les moyens de payer une mutuelle. Le maire s’agace de la situation : « C’est insupportable de savoir que des gens sacrifient leur santé pour des raisons financières, surtout lorsque l’on sait que cela touche en premier lieu les personnes âgées ».
C’est de cette réflexion qu’est née la Mutuelle communale, diffusée par le CCAS de la Ville qui a conclu un partenariat avec LMF ASSO Santé (Mutuelle Familiale). Il s’agit d’un contrat collectif qui permet, en groupant ainsi les demandes, d’obtenir les garanties d’une mutuelle mais à des tarifs plus avantageux. Une économie de 600 € à 1.000 € par an.
Lancée en 2022, elle compte aujourd’hui 230 adhérents drouais. Et près de 80 % d’entre eux sont des seniors. Une satisfaction pour Pierre-Frédéric Billet : « La Ville fait beaucoup de choses pour les seniors dans de nombreux domaines ; mais nous continuerons à répondre le plus spécifiquement possible à leurs besoins spécifiques. Ils ne sont pas une population à part, ils sont notre socle ».
Comment ça marche ? Contactez au 02.37.30.01.96 la Mutuelle Familiale. Permanences sur rendez-vous les mercredis après-midi au CCAS (22, rue des Gaults). Infos ici.