Découvert en juin 2021 sous la statue de Rotrou lors de son déplacement, l’énigmatique coffret avait immédiatement été confié au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Presque un an plus tard, son contenu a pu être partiellement dévoilé, mais réserve encore de belles surprises.
Elle avait été placée là en 1866 lors de l’installation de la statue de Rotrou. Damien Chantrenne, directeur du Musée d’Art et d’Histoire de Dreux rappelle que « ces boîtes sont des sortes de capsules temporelles renfermant des témoignages et des traces du passé. Elles ont été scellées au pied d’un monument lors de la pose de la première pierre. » Dans le cas de celle de la statue Rotrou, il aura donc fallu plus de 150 ans avant qu’elle ne soit découverte. S’est ensuite très vite posée la délicate question de l’ouverture. « On a tout de suite décidé de faire appel au C2RMF pour nous accompagner dans cette démarche, souligne Fouzia Kamal, adjointe à la culture. C’était très important de nous tourner vers des experts et de faire les choses en bonne et due forme car il s’agit de la préservation du patrimoine drouais. »
Un protocole rigoureux
La boîte a donc rejoint les ateliers de restauration en octobre 2021 pour entamer un protocole très strict piloté par Sarah Busschaert, conservatrice du patrimoine et deux restauratrices spécialisées dans les métaux, Julie Schröter et Clotilde Proust. Les premières analyses par radiographies, endoscopie et fluorescence X, ont permis de déterminer qu’il s’agissait d’un coffret en bois recouvert de plomb. En raison de la haute toxicité du matériau, la fouille s’est déroulée en milieu sécurisé et les spécialistes ont manipulé la boîte en combinaison et masque FFP3. À l’intérieur du coffret en bois, se trouvait un cylindre en plomb qui contenait à son tour un cylindre en verre fermé par deux bouchons de liège et de la cire rouge. Un véritable processus de poupées russes au sein duquel se trouvait… un document en papier roulé ! Sitôt sorti de son cylindre et pour éviter toute destruction due au contact avec l’air ambiant, le document a été placé sous pochette sans oxygène et déposé dans un réfrigérateur spécial. En raison de sa fragilité, le papier extrait n’a pas pu être déroulé ; seules quelques lettres ont pu être aperçues par une des restauratrices. La boîte et son contenu resteront encore quelques temps au C2RMF afin de mener des études complémentaires et faire intervenir un restaurateur spécialisé en arts graphiques pour envisager de dérouler, et peut-être déchiffrer, le mystérieux message. « Même si on ne connaît pas encore aujourd’hui la nature du témoignage, symboliquement cette parole est précieuse puisque ce sont des Drouais il y a 150 ans qui nous laissent à nous, Drouais d’aujourd’hui, une trace de leur époque, » confient Fouzia Kamal et Damien Chantrenne.
Vous aussi, laissez votre message aux générations futures !
Pour que les Drouais du XXIème siècle puissent eux-aussi laisser une trace de leur passage, la Ville propose à ses habitants de recueillir durant tout le mois de mai leurs témoignages par le biais de textes, dessins, photos, vidéos, uniquement en format numérique. À noter que tous les témoignages resteront secrets. Si l’objectif est bien d’exprimer son ressenti et de donner une représentation fidèle de notre temps, la boîte mémorielle actuelle est aussi pour Fouzia Kamal « une aventure humaine qui permet de faire société. C’est une chance de vivre à Dreux, nous avons une histoire incroyable, un présent formidable ; il n’appartient qu’à nous de transmettre tout cela aux générations à venir. »
L’ensemble des témoignages sera regroupé sur un disque numérique et inséré dans une nouvelle boîte qui sera déposée sous la statue Rotrou lors de la réinstallation de celle-ci sur la place.
Tous les témoignages doivent être envoyés à l’adresse mail suivante : boiterotrou@ville-dreux.fr
Vous souhaitez être filmé ? Rendez-vous :
- À l’accueil des maisons Proximum des Bâtes et Dunant-Kennedy (aux horaires d’ouverture du public)
- Le 7 mai de 14h à 18h au beffroi
- Le 14 mai de 14h à 22h au musée d’Art et d’Histoire de Dreux
Le saviez-vous ?
En 2004, un dépôt mémoriel a été découvert dans la statue d’Henry IV située sur le Pont-Neuf à Paris. 7 boîtes de plomb ont permis de découvrir des témoignages de l’époque aussi surprenants que passionnants : un récit sur l’installation de la statue, de ouvrages de Voltaire et Sully, de nombreuses médailles mais aussi un pamphlet du sculpteur… Autant de trésors qui ont traversé les siècles.