Les 3e Assises de la transition écologique se sont déroulées le 24 novembre à l’auditorium de l’Odyssée. Avec un sujet crucial dont il devient urgent de prendre conscience : la nécessité impérieuse de mieux gérer les ressources en eau pour ne pas se retrouver rapidement dans une situation très difficile.
Voir l’eau couler lorsque l’on ouvre un robinet est devenu un geste tellement naturel, que plus personne ou presque n’a en tête, que la ressource n’est pas inépuisable : bien au contraire. Ces dernières années, il a fallu faire face à de sérieuses restrictions d’utilisation : et ce n’est vraisemblablement qu’un début. « Depuis trois ans, on a épousé cette cause tellement importante et stratégique pour notre territoire. Ça fait des années, qu’avec l’Agglo, on a décroché le label Sobriété foncière qui permet d’optimiser l’utilisation du foncier pour accueillir des entreprises, » rappelle Pierre-Frédéric Billet, maire de Dreux. « On a une politique en centre-ville de désimperméabiliser des surfaces, comme sur la place Rotrou. On va aussi retravailler le square de la République. Comment faire en sorte de décanaliser une rivière, qui a été longtemps cachée, pour que l’eau de la rivière puisse imprégner les sols, que la nature reprenne sa place en replantant les arbres. L’eau est un sujet majeur. »
Cette sobriété devra plus que jamais s’appliquer avec l’eau, comme l’a souligné Xavier Luquet, sous-préfet, qui n’a pas manqué de souligner les difficultés d’une bonne gestion de la ressource en eau ces dernières années. « L’eau est le principal régulateur thermique. On assiste depuis quelques années à des situations que l’on connaissait dans le Midi de la France. Il a fallu prendre des arrêtés de restrictions deux années de suite. » Des signaux d’alarme qu’il convient de prendre au sérieux, puisque le niveau des nappes a baissé. « On est en situation de crise avec des usagers qui ont besoin de quantités importantes d’eau. Et si on additionne tous ces usagers, il n’y a plus assez d’eau. »
Il va donc être nécessaire de revoir toutes nos habitudes… et réparer les erreurs du passé, où l’on a, par exemple, bitumé toutes les cours d’écoles « parce que c’était plus simple à entretenir, note Nelson Fonseca adjoint délégué à la transition écologique, et qu’il y fait trop chaud dès le mois de mai ou juin. Supprimer les îlots de chaleur, récupérer les eaux pluviales va permettre à l’eau de s’infiltrer au lieu d’imperméabiliser les sols ».
Tout le monde est d’accord pour reconnaitre qu’il s’agit d’un sujet fondamental, « mais surtout systémique », poursuit le sous-préfet. « Il faut que nous changions de paradigme. A-t-on besoin d’eau potable pour arroser des plantes vertes ? Pour nettoyer les caniveaux. Les eaux pluviales ont vocation à remplir la nappe, mais avec le réchauffement climatique, on se rend compte que finalement lorsque qu’on en a besoin, on n’en a plus tant que ça. » Une situation qui implique des prises de position qui ne manqueront pas de faire réagir. « Il faut que l’on utilise seulement ce dont on a besoin. Si on continue à gâcher l’eau, cela va commencer à être très cher. Tout a un prix et en ma qualité de représentant de l’État en France, en Eure-et-Loir, à Dreux, l’eau n’est pas assez chère. Ce que vous payez pour l’eau n’est pas le prix que ça coute. Ce n’est pas normal. C’est difficile pour un élu de le dire, moi en tant que fonctionnaire, je dois vous le dire. »
Si les collectivités ont pris conscience de l’importance de faire des économies, avec notamment des projets de récupération des eaux sur tous les bâtiments publics. « Nous allons multiplier les actions en faveur de la préservation de l’eau, » affirme Nelson Fonseca. « Nous allons installer des pavés engazonnés rue Constantin Gauthier, des récupérateurs d’eau dans les cimetières. C’est un challenge à relever au quotidien. »
« Il ne faut pas dramatiser, mais bien comprendre l’ampleur, » insiste Pascal Lepetit, en charge de l’eau à l’Agglo. « C’est un combat que l’on doit tous mener. Et cela fonctionne. Mais le décret permettant d’utiliser l’eau en sortie de station d’épuration pour arroser les plantes n’est pas paru et on a donc pas le droit de l’utiliser. Tout le monde est concerné par les restrictions d’eau, toutes les corporations sont concernées. Tout le monde est impliqué, les irrigants ont baissé leurs prélèvements de 34% . C’est déjà conséquent. » Les industriels jouent aussi le jeu tout comme les collectivités à l’image du parc La Radio ou des ilots de fraicheur vont être aménagés et une surface conséquente sera désimperméabilisée.