Célèbre défenseur des forêts primaires, Mundiya Kepanga, un chef respecté de la tribu des Hulis en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a fait escale ce mardi 6 juin à Dreux pour sensibiliser des élèves aux enjeux de la préservation des forêts et de la lutte contre la déforestation. Invité par le collège Louis-Armand dans le cadre de la semaine du développement durable organisée en partenariat avec la municipalité, Mundiya Kepanga a également été accueilli à l’Hôtel de Ville par le maire de Dreux, Pierre-Frédéric Billet.
Depuis plusieurs années, le chef papou Mundiya Kepanga parcourt le globe pour défendre l’environnement et alerter de la nécessité de protéger les forêts primaires, « véritables sanctuaires naturels de l’humanité ». Cette fois-ci, c’est à Dreux qu’il s’est arrêté, à l’invitation de Leila Enouski et Mélanie Deforge, professeures au collège Louis-Armand. Un temps fort exceptionnel auquel s’est joint de nombreux établissements scolaires (Gambetta, Berthelot, Semmelweiss, Prévert-Beullac ainsi que la classe de Science-Po du lycée Rotrou). Avant sa rencontre avec les 28 classes d’élèves drouais au sein de la maison Proximum Sainte-Ève, Mundiya Kepanga a été reçu par le maire Pierre-Frédéric Billet.
“Deux chefs qui travaillent pour le bien de leur communauté”
15.000 kilomètres séparent Dreux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ; et pourtant, le Maire, Pierre-Frédéric Billet, et le chef de tribu Mundiya Kepanga, se sont trouvés de nombreux points communs. Mundiya Kepanga, accompagné de Marc Dozier, son ami, traducteur et réalisateur du documentaire “Frères des arbres”, explique que le maire et lui sont d’abord « deux chefs qui travaillent pour le bien de leur communauté. Nous devons trouver des solutions localement, et elles ne sont pas forcément les mêmes, même si c’est toujours la générosité qui doit nous guider ».
Le chef papou, toujours le nez percé d’une épine de porc-épic et la tête cernée d’une coiffe de plumes d’oiseaux du paradis, passe deux ou trois mois à l’étranger chaque année pour militer contre la déforestation et pour lutter contre le dérèglement climatique, qu’il vit au quotidien dans sa tribu des montagnes de Papouasie : « Nous avons un climat tropical, il pleut beaucoup, mais aujourd’hui nous voyons se tarir nos sources d’eau potable ». Mundiya Kepanga est attaché aux traditions et rituels de son village, comme Dreux tient à sa Fête de la Saint-Denis et aux Flambarts : « Nous avons besoin de ces moments d’union collective, et c’est important aussi pour faire marcher le commerce ». D’ailleurs, son village sait aussi profiter du développement économique, il a créé une chambre d’hôtes qui amène des revenus réguliers à la tribu. Le chef papou, buveur de thé, a apprécié que Pierre-Frédéric Billet lui offre un coffret de thés Dammann, la plus ancienne entreprise française et toujours implantée à Dreux.
“Chacun doit agir en préservant la nature”
Tout au long de cette journée inédite, ce sont près de 450 élèves de Dreux qui ont pu échanger avec Mundiya Kepanga, après la projection du documentaire “Frères des arbres” qui dévoile l’étendue de la déforestation en Papouasie-Nouvelle-Guinée, état insulaire d’Océanie qui compte l’une des dernières forêts primaires à l’échelle mondiale (avec l’Amazonie et le Congo). « Des réservoirs de biodiversité et d’oxygène indispensables à l’humanité qui sont menacés, détruits par l’exploitation abusive et souvent illégale de scieries étrangères. Chez moi, ce sont près de 5.000 de mètres cubes d’arbres qui sont abattus par an, » insiste le chef papou auprès des jeunes. Une situation alarmante, car à ce jour, la forêt papouasienne a perdu 30.000 km2 de sa surface, soit une superficie équivalente à celle de la Belgique.
Une situation dont la responsabilité incombe également aux chefs papous comme le rappelle Mundiya Kepanga : « Nous avons favorisé le pillage de nos terres, de nos forêts en échange de promesses de développement ». Le chef papou a ainsi rappelé la nécessité de respecter la nature : « Chacun doit agir en respectant la nature. Si on la respecte, elle nous respectera en retour. » Aujourd’hui, des projets encourageants se développent en Papouasie-Nouvelle-Guinée, soutenus notamment par l’Union européenne. Des initiatives telles que la plantation de vanille ou de café sur des zones de savanes ou de parcelles endommagées offrent une alternative économique durable aux communautés locales tout en favorisant la biodiversité.
En exposant les réalités de la déforestation avec un regard singulier et beaucoup d’humour, le chef papou avec la complicité de son ami et interprète Marc Dozier a su faire passer des messages forts aux jeunes drouais en les invitant notamment à devenir des citoyens actifs et engagés dans la préservation de notre planète. Car comme l’a si justement déclaré Mundiya Kepanga, « si nous ne faisons rien, il sera bientôt trop tard pour faire marche arrière ».