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Dreux déclare son amour à l’Abbé Pierre

19 Déc 2023
Actualités

Son lien avec Dreux appartenait jusqu’alors à la mémoire collective. Il est depuis le 16 décembre inscrit définitivement dans l’histoire de la ville et celle des Hameaux de Paul-Bert. Le square, situé à proximité de la Maison Proximum, porte désormais le nom de l’Abbé Pierre, sous l’œil de la fresque créée par l’artiste Matthieu Dussaucy. Un hommage qui célèbre cette figure emblématique de la lutte contre la pauvreté, dont l’action résonne toujours dans l’esprit et le cœur des Drouais.

L’Abbé Pierre a fortement marqué le quartier des Hameaux de Paul-Bert, mais aussi toute la ville, de son empreinte. Lors de l’hiver 1954 et de son célèbre “Appel à l’insurrection de la bonté”, il s’était notamment rendu à Dreux pour découvrir l’action de la Ville pour les plus démunis, en particulier un centre d’accueil pour sans-abri, Le Moulin de l’Aumône. Les compagnons d’Emmaüs avaient également monté une antenne des chiffonniers dans l’actuelle Maison du Chêne Saint-Louis. Un héritage que les membres du Comité Proximum des Hameaux de Paul-Bert et les élus-relais, Ratko Klisura et Josette Martin, ont souhaité honorer en nommant le square du quartier, Abbé Pierre. Cet hommage a été formalisé par un protocole d’accord entre le maire Pierre-Frédéric Billet et Emmanuelle Larcher, responsable Mémoire à l’association Emmaüs International, légataire universel de l’Abbé Pierre. Car c’est aussi une reconnaissance des actions sociales de la Ville, Emmaüs International posant cette condition au droit d’utilisation du nom de l’Abbé Pierre.

« Ils n’avaient rien et ils donnaient tout. »

Les débuts d’Emmaüs aux Hauts-Buissons démarrent en 1976. Le 8 mars de cette année-là, trois compagnons arrivent à Dreux, dans le quartier Prod’homme, où la municipalité de l’époque leur loue « une vieille maison de chasse, délabrée, sans porte, sans fenêtres, avec un immense trou dans le toit […] Ils sont bientôt douze compagnons. Pendant des semaines, des mois, ils vont travailler d’arrache-pied. […] Un peu de bois, un peu de vent, une étincelle d’amour et le feu a pris. Et voilà une maison nouvelle, un « foyer » nouveau ». Ces mots sont ceux d’Henri Le Boursicaud, fidèle compagnon de l’Abbé Pierre, qu’Emmanuelle Larcher a partagé avec les nombreux habitants et élus réunis pour l’inauguration du square et de la fresque. « L’aventure Emmaüs Liberté à Dreux prend fin en 1991, se souvient Jean Roume qui en fut le président. La communauté comptait environ 15 personnes. Malgré leurs difficultés, tout le monde travaillait pour aider les autres. Ils n’avaient rien et ils donnaient tout. »

Dreux, sociale et solidaire

Sensible à la démarche des habitants des Hameaux de Paul-Bert, le président d’Emmaüs International, Patrick Atohoun, par l’intermédiaire de sa représentante, Emmanuelle Larcher, a remercié la Ville de Dreux « d’avoir rendu possible ce beau projet. Preuve qu’encore aujourd’hui, presque 17 ans après sa disparition, l’Abbé Pierre est toujours bien présent dans les esprits et les cœurs ». Une initiative que le maire, Pierre-Frédéric Billet, a soutenue car elle illustre l’esprit de solidarité des Drouais et valide aussi la politique sociale menée à Dreux

depuis des années : « Depuis près de 20 ans, on investit également dans la rénovation urbaine des quartiers, dans le logement social : 211 millions d’euros dans les quartiers sud, 160 millions dans les quartiers nord Bâtes-Tabellionne. » L’hommage s’est poursuivi en musique avec la chorale Sainte-Ève qui a interprété le célèbre titre « Chanter l’amour ».

Plongée dans les archives. Emmanuelle Larcher et Nicolas Huet, archiviste, ont remonté la piste de la présence de l’Abbé Pierre et d’Emmaüs à Dreux et ont retrouvé une planche contact d’une cinquantaine de photos reproduites issues des archives de l’Abbé Pierre et d’Emmaüs International déposées aux Archives nationales du monde du travail à Roubaix (France).

Elle a chanté l’amour avec l’Abbé Pierre

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Sylvie Renaud a toujours fait partie de la chorale Sainte-Ève. Une formation avec laquelle elle va vivre l’une de ses plus belles expériences. À 22 ans, elle rejoint le « Cœur de Dreux », un ensemble vocal composé de 200 choristes de l’agglomération drouaise, constitué pour enregistrer un disque, « Chantez l’amour ». Un titre entonné avec l’Abbé Pierre et dont les paroles écrites par Michel Renard et Jean-Jacques Lafont vont se hisser dans le Top 50 des années 90. « Ça a été une aventure, autant artistique qu’humanitaire. J’ai participé à Star 90 présenté par Michel Drucker. Pendant les répétitions, on a vu arriver sur le plateau l’Abbé Pierre. Un petit monsieur d’apparence fragile, mais quand il a commencé à parler, sa voix, sa force m’ont impressionnée !»

En 2023, la chorale Sainte-Ève a fêté ses 50 ans. Elle compte 86 inscrits, mais recherche toujours de nouvelles voix. Les choristes s’entraînent chaque lundi, de 20h30 à 22h, à l’église Sainte-Ève (2, avenue des Fenots).

Une question à Philippe Dupont

Invité à l’inauguration du square et de la fresque, Philippe Dupont, directeur du lieu de mémoire de l’Abbé Pierre à Esteville (Normandie), a animé une conférence sur la riche et complexe histoire de l’Abbé Pierre, né Henri Grouès. Moine, résistant, député, bâtisseur, naufragé… Un parcours exceptionnel qui a inspiré une biographie intitulée L’Abbé Pierre, une vie d’amour (City éditions).

Quelle serait votre définition de l’Abbé Pierre ?

C’est un prêtre qui a essayé d’aimer tous les hommes de la façon la plus absolue possible en concrétisant cet amour par des actions civiques et politiques innovantes et efficaces. C’est une histoire d’amour, très émotionnelle et profonde, qui passe par quelque chose de très enflammé, très ardent sur le plan de l’engagement citoyen et politique.

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