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Une enfant du sanatorium fête ses 77 ans à Dreux

13 Oct 2025
Actualités, Grands projets

À 77 ans, Annick Prédent a réalisé son rêve : revenir au sanatorium de Dreux, où elle avait été soignée pour la tuberculose à six ans. Ce 9 octobre, jour de son anniversaire, elle a pu arpenter ce lieu chargé d’histoire et se replonger dans ses souvenirs. Rencontre.

Un rêve devenu réalité

« J’avais toujours dit à mes enfants que je voulais retourner à Dreux. Le mois dernier, ma fille Aurélie m’a appelée pour me demander ce que je faisais le 9 octobre. Je pensais qu’elle m’avait prévu un restaurant pour mon anniversaire… » raconte amusée Annick Prédent. Mais sa famille avait d’autres projets. Après avoir pris contact avec la Ville de Dreux, le maire Pierre-Frédéric Billet a invité Annick Prédent à participer à la dernière visite du sanatorium, organisée dans le cadre de la deuxième édition d’Architectures et Territoires du Conseil régional de l’Ordre des architectes. Par une heureuse coïncidence, l’événement tombait précisément le jour de son anniversaire. Un moment émouvant pour cette enfant du sanatorium : « C’est fou de vouloir revenir à Dreux, mais c’était mon rêve ! »

« Je garde de bons souvenirs »

Elle avait six ans lorsqu’elle est entrée au sanatorium des Bas-Buissons, en 1954. Ses parents, installés à Rouen, venaient la voir quand ils le pouvaient. « On n’avait pas trop les moyens, se souvient-elle. Ils prenaient le car ou le train. Parfois, j’attendais un ou deux mois avant de les revoir. » Hospitalisée deux ans et demi dans le pavillon des enfants, elle se souvient d’une vie riche en activités et en camaraderie. « On apprenait à faire notre lit, à coudre, à tricoter. On allait à l’école. On organisait des spectacles. On ne sortait jamais. C’était comme une petite ville. Les plus grandes s’occupaient des petites, comme des mères. »

Dans son sac à main, Annick sort une enveloppe : à l’intérieur, trois photos en noir et blanc, précieusement conservées. « Je garde de bons souvenirs. Je n’ai pas la tête d’une fille malheureuse », sourit-elle. Elle évoque aussi les traitements d’alors : « Au réfectoire, les sœurs nous disaient de prendre des granules dans une grande cuillère avec de la bière. Et puis, il y avait le tubage, au moins une fois par mois ».

Une vie comblée

« Quand je suis partie du « sana », j’étais complètement perdue. Avant mon départ, on habitait à Rouen, dans un deux-pièces au-dessus de la place Saint-Marc, à 8 enfants. Mes parents ont été relogés parce que pour me récupérer, ils devaient avoir un logement sain.» Encore fragile, elle séjourne trois mois dans un autre établissement à dix ans. Aujourd’hui, elle garde les traces de la maladie : « Sur les radios, on voit que mes poumons sont marqués. J’ai souffert d’asthme et eu des infarctus ». Malgré ces soucis de santé, Annick a eu une vie comblée : elle a fait carrière dans l’éducation, élevé cinq enfants et vu grandir de nombreux petits-enfants dont Léon, présent à ses côtés le 9 octobre dernier. Ce retour à Dreux, Annick Prédent l’a vécu comme un cadeau. Et, d’une certaine manière, la réhabilitation du sanatorium en est un aussi. Longtemps menacé, le lieu renaît aujourd’hui ; tout comme ces patients qui ont eu la chance, à l’époque, d’y retrouver le souffle de la vie.

Le saviez-vous ?

Dans les années 1950, avant les traitements modernes contre la tuberculose, les sanatoriums misaient sur le repos, l’air pur… et la bière ! Considérée comme fortifiante, elle aidait les malades à reprendre des forces et servait parfois de support pour avaler les remèdes en granules. Un « tonique » d’un autre temps, bien éloigné des antibiotiques d’aujourd’hui.

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